Émission de radio L'Autre Monde

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samedi 19 janvier 2008

Les mensonges du Canada sur la centrale de Chalk River

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Les mensonges du Canada sur la centrale de Chalk River

le 14 janvier 2008, paru sur CentPapiers

Auteur: Pierre R.

Reproduction autorisée par l'auteur- LNI


Que gère, croyez-vous, le ministre des Ressources naturelles du Canada, Garry Lunn ? Les Ressources du pays ? Non. Loin de là. Garry Lunn gère les crises qu’il crée et les conflits qu’il génère. S’il trouve de la place pour les ressources naturelles, cela n’aura été qu’accidentel.


Les conservateurs de Stephen Harper ont pour vilaine habitude d’allumer ainsi des incendies au sein de la Fonction publique et de se plaindre, par la suite, du peu de loyauté de ses fonctionnaires. Le cynisme, l’arrogance, un manque flagrant de discernement caractérisent d’emblée les conservateurs de Stephen Harper au pouvoir, certes, mais au sein d’un gouvernement minoritaire. Pour reprendre l’analyse de Bernard Descôteaux, du Devoir : « Minoritaire, le gouvernement Harper a plutôt décidé d’affronter ses fonctionnaires en leur disant clairement qu’à la première occasion, ils seront écartés, limogés ou démis. C’est le message nullement équivoque qui se trouve dans la lettre du ministre des Ressources naturelles, Garry Lunn, à la présidente de la Commission canadienne de sécurité nucléaire (CCSN), Linda Keen ».


Dans le dossier du réacteur de Chalk River, le gouvernement Harper a dissimulé à la population, et au Parlement, la vérité. Il n’a présenté que sa vérité. Si ce n’est pas un mensonge, c’est quoi ? « Pendant 17 mois, Énergie atomique du Canada (EAC) a exploité le réacteur nucléaire de Chalk River en totale contravention avec son permis d’exploitation, qui exigeait des améliorations à la sécurité. EAC a négligé d’effectuer d’importants travaux de rénovation, dont le branchement sur des systèmes d’alimentation d’urgence de deux pompes servant au refroidissement du réacteur. Toute une négligence ! » (Le Soleil). Le gouvernement Harper avait été prévenu bien longtemps, d’avance, par la vérificatrice générale du Canada. Ce qu’il a caché à la population canadienne et au Parlement. Malgré les demandes de congédiement qui fusent de toutes parts, M. Harper se dit satisfait du travail accompli par M. Lunn et l’ensemble de son gouvernement.


Aujourd’hui, le ministre Lunn reproche à Mme Keen de ne pas avoir permis la remise en activité du réacteur nucléaire de Chalk River, dont nous avons parlé sur centpapiers, nécessaire à la santé des Canadiens. « Ces événements font planer un doute sur la question de savoir si vous possédez le bon jugement fondamental requis pour occuper le poste de présidente de la Commission et si vous vous acquittez diligemment de vos obligations, écrit-il. On peut se poser de sérieuses questions quant à savoir si la Commission, sous votre gouverne, n’aurait pas pu gérer de manière plus appropriée les risques associés à cette situation » (Le Devoir).


Dans une lettre adressée à la mi-décembre aux ministres Clement et Lunn, madame Linda Keen précisait que : « le cas de non-conformité vise les deux pompes d’eau lourde qui ne sont pas connectées à une alimentation d’urgence afin d’éviter une défaillance du combustible, ce qui pourrait entraîner des rejets radioactifs dans l’environnement ». La présidente de l’organisme avertissait que : « les deux pompes de secours, incluses dans le dossier de sûreté original, sont essentielles et nécessaires, conformément aux normes actuelles de l’industrie et aux évaluations de tolérance des risques. […] Ces pompes ne sont pas seulement en place pour parer aux secousses sismiques, mais pour contrer toutes les menaces de référence externes ».


En réponse, le ministre lance des accusations qui se révèleront sans fondement : « la Commission n’a pas su « prévenir des risques déraisonnables à la santé des Canadiens [privés d’isotopes] », ce qui « mine potentiellement la confiance publique envers le processus réglementaire de l’industrie nucléaire ». Madame Keen réagit vivement à ces attaques perfides du ministre dans une lettre de huit pages : « J’étais et suis encore profondément troublée par le ton et le contenu de votre lettre. La nature des allégations faites, combinée avec la menace de me déloger en tant que présidente, menace sérieusement l’indépendance de la CCSN. La manière avec laquelle vous abordez ces questions [...] met en lumière votre incompréhension profonde de la relation devant exister entre vous, en tant que ministre des Ressources naturelles, et la CCSN ». Mme Keen a été nommée à son poste en 2001, et elle en est à son deuxième mandat de cinq ans.


Il convient de rappeler qu’en décembre, le gouvernement Harper, avec l’appui des trois partis d’opposition, a fait adopter une loi pour ordonner la réouverture du réacteur nucléaire de Chalk River, vieux de 50 ans, contournant ainsi la Commission de sûreté nucléaire, qui estimait qu’un système auxiliaire de sécurité devait être installé d’abord pour éliminer le mince risque de fusion du cœur du réacteur en cas de tremblement de terre ou d’autre désastre. Les politiciens jugeaient plutôt qu’il fallait absolument reprendre la production de radio-isotopes utilisés en médecine.


La presse canadienne réagit vivement à ces attaques. Pour le Toronto Star, Mme Keen n’a fait que son travail : « Ce que Lunn a démontré, c’est qu’il est prêt à exercer une ingérence politique inappropriée sur un organisme réglementaire et à punir sa dirigeante pour lui avoir tenu tête ». On pouvait craindre, note le Globe & Mail, que les conservateurs tentent de faire porter le blâme à Mme Keen et la lettre du ministre Lunn est venue confirmer ces doutes. Au Soleil, les mots sont durs pour qualifier le comportement du ministre Lunn : « S’il ­était honnête et lucide, il conclurait que c’est lui qui devrait démissionner — si ­tant est que quelqu’un ­doit encore ­payer ­pour la fermeture temporaire du réacteur nucléaire de ­Chalk Ri­ver, survenue l’automne dernier ». Jean-Marc Salvet écrit : « Gary Lunn s’est lancé ­dans une indigne chasse aux sorcières contre la présidente de la Commission canadienne de la sûreté nucléaire, Linda Keen. […]Dans cette histoire, Linda Keen a parfaitement assumé ses fonctions ».


Pour arriver à ses fins, le gouvernement conservateur de Stephen Harper recourt maintenant aux méthodes de Georges W. Bush : le mensonge par abstention. Ni monsieur Harper ni le ministre Lunn n’ont dévoilé à la population canadienne qu’ils avaient été informés par la vérificatrice générale, madame Sheila Fraser, dans cette lettre, datée du 20 décembre dernier. Mme Fraser faisait savoir au porte-parole libéral pour les ressources naturelles, Omar Alghabra, qu’elle avait déjà effectué un examen, et qu’elle en avait remis les conclusions à la société d’État au début du mois de septembre. Mme Fraser laissait également entendre que, sans y être obligée, Énergie Atomique Canada Limitée (EACL) aurait dû rendre le rapport public. « La majorité des sociétés d’État affichent ces rapports sur leur site Internet », écrivait-elle.


Donc, en résumé, la vérificatrice générale du Canada, Sheila Fraser, avait informé le ministre conservateur des Ressources naturelles, dès la fin de l’été, que le réacteur nucléaire de Chalk River était mal géré et que cela pouvait compromettre l’approvisionnement en isotopes médicaux, pénurie survenue en décembre dernier. C’est cette pénurie que le gouvernement Harper tente d’en faire porter l’odieux à un tiers. « Nous avons relevé une lacune importante liée au risque qu’EACL ne soit pas en mesure de résoudre trois questions stratégiques, [notamment] l’achèvement de l’installation de production d’isotopes et l’obtention des permis nécessaires », est-il écrit dans ce rapport de la vérificatrice générale consulté par Le Devoir.


Pourquoi le gouvernement Harper, qui a sciemment dissimulé la teneur de ce rapport, s’acharne-t-il avec autant d’insistance sur la présidente de la Commission canadienne de sécurité nucléaire (CCSN), Linda Keen ? Pour éviter d’examiner de plus près le travail bâclé d’Énergie Atomique Canada Limitée. Le dirigeant d’EACL, Michael Burns, a été un militant allianciste puis conservateur, les familles politiques de Stephen Harper. Il a notamment dirigé le Fonds de l’Alliance canadienne, a été le trésorier national de ce parti et a été un bailleur de fonds du Parti conservateur en Colombie-Britannique. Sa démission avait discrètement été annoncée le vendredi 14 décembre, en soirée, quelques jours après l’adoption d’une loi d’urgence par le Parlement pour faire redémarrer le réacteur nucléaire malgré sa non-conformité aux normes de sécurité (Le Devoir).


« M. Lunn aurait dû savoir en septembre dernier que les problèmes au réacteur nucléaire de Chalk River étaient suffisamment sérieux pour que des précautions soient prises afin d’atténuer la crise des isotopes médicaux », a déclaré le porte-parole du Parti libéral dans le dossier, Omar Alghabra. Il n’a rien fait avant que les médias ne s’emparent de la nouvelle. La présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, Linda Keen, avertit le gouvernement Harper qu’elle ne se laissera pas congédier facilement et qu’elle ira même devant les tribunaux s’il le faut pour réitérer l’indépendance de son organisme et de son poste. Elle est parfaitement dans son droit puisqu’elle a fort bien exécuté les responsabilités que lui a confiées le gouvernement du Canada. Et la vérité triomphera sur les mensonges du gouvernement Harper.

(Sources : Le Devoir, Cyberpresse, Presse canadienne)

1 commentaire:

Anonyme a dit...

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